Bordé par l’océan Atlantique et la mer des Caraïbes, Haïti a tout ce qu’il faut pour incarner le paradis terrestre. Les insulaires du petit pays — surnommé la Perle des Antilles — sont pourtant constamment frappés par des catastrophes naturelles et problèmes politiques, autant de malédictions qui empêchent le pays de se relever. Notre équipe s’est rendue sur place au lendemain de l’ouragan Matthew, pour témoigner des dégâts, mais aussi des cicatrices encore visibles du séisme meurtrier de 2010. Si on vous a souvent raconté les déboires d’Haïti, ce projet interactif en cinq actes vous offrira cette fois l’occasion de vivre la situation sur le terrain. À travers une série de vidéos immersives, de plans aériens impressionnants, de photos spectaculaires et de rencontres inspirantes, voyez Haïti comme vous ne l’avez encore jamais vu.
Le 4 octobre dernier, l’ouragan Matthew a balayé le sud-ouest d’Haïti, affectant plus d’un million de personnes.
Le puissant cyclone, dont les vents soufflaient à 230 km, a laissé dans son sillage plus de 500 morts et des centaines de blessés. Les départements de Grand’Anse et du Sud ont été les plus durement touchés.
Combien de temps faut-il pour se rendre à Jérémie ? «Ça dépend», nous répond du tac au tac le docteur Jérôme, qui nous accompagne pendant notre séjour au pays de Laferrière. En Haïti, ça dépend toujours. Après avoir été coincés dans d’interminables bouchons de circulation dans un Port-au-Prince surpeuplé (et après avoir roulé à sens inverse sur l’autoroute), nous sommes enfin en direction de Jérémie, épicentre des dégâts causés par Matthew.
Nous n’étions pas au bout de nos peines. En vérité, nous avons bien failli ne jamais nous y rendre. Par chance, notre chauffeur a plus d’un tour dans son sac. Pour contourner un barrage routier à mi-chemin, près de la ville de Les Cayes, il n’hésite pas à traverser une petite rivière en camion pour rejoindre la route menant à notre destination.
Cette route, la seule à se rendre dans la localité de 30 000 habitants, a été lourdement endommagée par le cyclone. Le voyage a été pénible, à l’image de la vision qui nous attendait à Jérémie.
Avec ses bâtiments tous plus colorés les uns que les autres, ses clameurs cacophoniques et sa vue imprenable sur la mer, Jérémie semble en ébullition à notre arrivée. Une vision déconcertante, sachant que la ville a été le plus durement secouée par l’ouragan.
Mais Jérémie n’est plus l’ombre d’elle-même. Les toits des maisons ont été arrachés par le vent, la cathédrale est à ciel ouvert et des déchets jonchent les routes accidentées le long de la ville côtière. Autour, dans les zones plus rurales, les torrents ont tout lessivé. Les habitations rudimentaires construites en bordure de la route n’ont eu aucune chance.